« Les grandes entreprises et les plus fortunés doivent contribuer davantage » (Le Figaro)
Après l’allocution du Président de la République d’hier soir, je suis revenue pour Le Figaro sur les annonces fortes qui ont été faites en faveur du pouvoir d’achat et sur notre action auprès de nos concitoyens.
Retrouvez mon interview sur le site du média ou bien ci-dessous :
Laurianne Rossi (LaREM): «les grandes entreprises et les plus fortunés doivent contribuer davantage»
Dans un entretien au Figaro, une jeune députée de la majorité revient sur la prestation du président de la République lundi soir à la télévision. Pour elle, Emmanuel Macron a été à la hauteur de l’enjeu et a pris des mesures fortes, concrètes et immédiates pour calmer la grogne dans le pays.
Laurianne Rossi est députée LaREM de la 11è circonscription des Hauts-de-Seine. Ex-cadre de SNCF Réseau, spécialiste des questions de mobilité et de logement, elle est engagée chez En Marche! depuis deux ans et demi. Elle siège au sein de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire. Elle a été tristement rendue célèbre, malgré elle, en juillet 2017 après avoir reçu «un violent coup de poing dans la tempe» alors qu’elle était sur un marché de Bagneux.
LE FIGARO.- Que retenez-vous de l’allocution à la nation lundi soir du président de la République?
Laurianne ROSSI.- De la justesse et de la justice. Emmanuel Macron s’est adressé aux Français avec beaucoup de sincérité et d’humilité. Il a compris la colère et le besoin de justice sociale qui se sont exprimés dans notre pays. Les mesures fortes, concrètes et immédiates qu’il a annoncées (hausse de 100 euros par mois au niveau dy smic, annulation de la hausse de la CSG sur les retraites de moins de 2000 euros, défiscalisation des heures supplémentaires) sont à la hauteur de l’enjeu: celui de pouvoir vivre dignement de son travail. Je salue également ses engagements forts en matière de justice fiscale. Les députés de la majorité sont d’ores et déjà au travail sur la nécessité de repenser la répartition de l’effort fiscal. Oui, les grandes entreprises, leurs dirigeants et les plus fortunés de ce pays doivent payer leurs impôts en France et contribuer davantage. Je retiens enfin le véritable changement de méthode que nous propose Emmanuel Macron. Il nous faut saisir, tous ensemble, cette formidable opportunité citoyenne et démocratique pour trouver ensemble des solutions, dans chaque territoire. Citoyens, élus, associations, syndicats et entreprises: il nous appartient désormais de bâtir ensemble le socle de ce nouveau contrat social pour la Nation, dans le cadre de ce grand débat de trois mois qui s’ouvrira dans quelques jours.
Ce discours, qui intervient plus de quatre semaines après la première mobilisation des Gilets jaunes, marque-t-il un tournant (à gauche) dans le quinquennat?
Notre projet consiste à libérer tout autant que protéger, mais il est temps de renouer avec la promesse forte de renouvellement des pratiques démocratiques qui était la nôtre et d’avancer plus énergiquement notre jambe gauche. Avec de nombreux députés de la majorité, nous alertons depuis plusieurs mois sur la nécessité d’accompagner davantage nos concitoyens les plus modestes, de répartir plus justement les efforts, d’être plus attentifs aux territoires les plus fragiles. Nous n’avons pas toujours été entendus de l’exécutif. Il faut que cela change, que la majorité parlementaire puisse pleinement jouer son rôle, qu’elle soit force de propositions et actrice des changements, au plan national comme local.
Beaucoup disent que la fracture dans le pays est telle que le programme présidentiel est caduc et que le chef de l’Etat ne pourra plus faire aucune réforme d’ici à 2022. Et vous?
Notre engagement au service du projet que nous avons proposé aux suffrages des Français demeure intact. Écouter, concerter, corriger, ce n’est pas renoncer. La disparition des fractures sociales et territoriales, la lutte contre les inégalités de destin, le renouvellement démocratique sont nos priorités depuis la création du mouvement En Marche!. Le sentiment d’injustice et de déconsidération exprimé par une partie des Français, nous ne le découvrons pas. Nous l’entendons sur le terrain, dans nos circonscriptions, où nous sommes souvent le dernier recours de nos concitoyens. Notre responsabilité vis-à-vis d’eux est immense et, évidemment, nous continuerons à mettre en œuvre notre projet mais notre méthode, notre communication, notre rythme doivent profondément changer.
Si on vous avait dit, quand vous vous êtes engagée en 2016 derrière Emmanuel Macron, que la France serait dans un tel état après 18 mois de mandat, vous auriez signé quand même?
Mon engagement et le sens de mon mandat parlementaire en sont d’autant plus forts. J’ai rejoint Emmanuel Macron et le mouvement En Marche! en avril 2016, avec la volonté farouche de l’aider à réparer notre pays, à redonner espoir et confiance chez nos concitoyens, à réduire les inégalités et les fractures. Nous y travaillons dur depuis des mois, avec beaucoup de courage et sans relâche. Avec le souci constant de l’écoute et de la concertation. Pour la plupart d’entre nous, nous n’avions jamais fait de politique auparavant. Nous sommes des citoyennes et des citoyens engagés, issus de la société civile, avant d’être parlementaires. Etre parfois associés à une forme d’élite déconnectée des réalités est très douloureux. Nous avons commis des erreurs, des maladresses, c’est certain. Nous sommes allés trop vite pour certains, pas assez pour d’autres, il faut l’entendre. Mais je ne peux accepter que les oppositions instrumentalisent cette crise pour menacer notre démocratie représentative et remettre en cause le mandat qui nous a été confié par les Français.